Nedjib Sidi Moussa, auteur entre autres de La Fabrique du musulman, suit de près l'évolution du mouvement massif de contestation du pouvoir en Algérie depuis son surgissement en février. Un mouvement qui, malgré le désintérêt actuel des médias, reste bien vivant, y compris pendant le mois de ramadan.
En cette période de revendication de hausse du pouvoir d'achat motivée par des fins de mois difficiles, il est important de souligner que le budget logement peut représenter jusqu'à 50 % du budget d'un ménage français.
Quatre membres du groupe local de Noisy-le-Sec tentent d'analyser ce qui caractérise le mouvement des gilets jaunes, et de faire le point : au bout de plusieurs mois d'actions multiples qui ont mis Macron en grande difficulté, la détermination ne faiblit pas malgré des manifestations de moindre ampleur, et le "grand débat" macronien visant à le désamorcer n'y a rien changé. Mais le mouvement lui-même a évolué, notamment dans les grandes villes, au contact des pratiques des milieux militants.
Sylvie, professeure au Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis), nous explique toutes les raisons qu'ont enseignants et lycéens de s'opposer aux réformes Blanquer. Au lycée général, démantèlement des filières au profit d'un enseignement à la carte qui, conjugué à des modalités du bac transformées, ne peut que renforcer les inégalités entre établissements, donc au final entre classes sociales dans l'accès au savoir, donc aux diplômes. Au lycée professionnel, regroupement "généraliste" des anciennes filières et généralisation des blocs de compétences, pour une formation au rabais destinant à des emplois au rabais. Au total, une dégradation organisée du service public de l'éducation qui ne peut qu'encourager les stratégies compétitives et le recours à l'école privée.
En première partie d'émission, deux syndicalistes (anciens cégétistes, passés à Solidaires-RATP) décrivent la dégradation des conditions de travail au sein de la RATP au cours des dernières années et les difficultés que les salariés rencontrent chaque fois qu'il tentent de se mettre en grève. A cause d'une part des "procédures de refroidissement des conflits" mises en œuvre par la direction avec la collaboration active des syndicats majoritaires, d'autre part de l'attitude totalement subalterne des différents syndicats, CGT comprise. L'existence d'un syndicat SUD (mais non reconnu par la confédération Solidaires) complique un peu plus la situation.
Deux syndicalistes de la CGT-HPE (hôtels de prestige et économiques) font un bilan d'une année de luttes, revenant sur les grèves du Holiday Hinn de Clichy du groupe InterContinental, du Park Hayatt Vendôme, de l'hôtel Campanile de Bussy-Saint-Georges - et plus généralement du groupe Louvre Hôtels - ainsi que de l’hôtel Renaissance au Trocadéro. Au cœur de ces grèves, la bataille contre la sous-traitance et pour l'internalisation du nettoyage des hôtels.
Comment expliquer le succès électoral du très réactionnaire Jair Bolsonaro, cinq ans après la puissante vague de mobilisations sociales de 2013? Pour Giuseppe Cocco, professeur à l'université de Rio de Janeiro, la raison en est à rechercher dans les choix politiques faits par le Parti des travailleurs au fil des années où il a gouverné le pays.
Selon certains, l'Italie serait actuellement sur la voie d'un nouveau fascisme. Gianni nous explique en quoi cette étiquette nous empêche de voir et de comprendre les éléments de nouveauté du contexte politique italien d'aujourd'hui. La Ligue du Nord et le Mouvement 5 étoiles, portés ensemble au pouvoir, incarnent des attentes contradictoires.
Dans la première partie de l'émission, Loren Goldner, un des rédacteurs de la revue américaine en ligne Insurgent Notes, revient sur l'élection, la personnalité et le rôle de Donald Trump et sur les tensions qui agitent le pays depuis.
Puis trois syndicalistes CGT d'Enedis engagés dans une action de maintien d'un accueil physique du public à La Courneuve expliquent les raisons de leur initiative : elle s'inscrit dans la défense d'un service public de l'électricité capable de répondre aux besoins y compris des personnes ayant le plus de difficultés.
Une déléguée syndicale CGT expose, à partir du cas du restaurant des Champs-Elysées, le choix de la direction de McDonald's France de confier ses magasins à des franchisés, et ses conséquences pour les salariés. Sont évoqués les conflits en cours à Marseille et Bordeaux. La dernière demi-heure est consacrée à un débat sur le début du mouvement des "gilets jaunes".
15 novembre 2018 Recyclage des déchets et exploitation : l'exemple de l'usine Paprec
Paprec, "le spécialiste du recyclage et de la valorisation des déchets industriels et ménagers", s'y connaît aussi très bien en méthodes de surexploitation: dans son usine de La Courneuve, accidents graves, morts, contrôle et répression syndicale... Le délégué CGT témoigne.
1er novembre 2018 La Poste contre les postiers et le service public
Dans la première heure, un militant SUD PTT 94 montre, à partir de l'évocation des mobilisations en cours dans le Val-de-Marne pour la défense du service postal, comment la politique de restriction budgétaire imposée à la Poste par l'Etat actionnaire se traduit concrètement à la fois par une dégradation du service pour la population et des conditions de travail pour les postiers.
L'émission donne la parole à des salariés engagés dans trois conflits en cours. 1) A l'hôtel Park Hayatt de Paris Vendôme, une grève se poursuit depuis un mois pour obtenir notamment l'embauche directe de tout le personnel en sous-traitance; à l'intransigeance patronale s'ajoute depuis peu la violence policière. 2) (30'05) Au Théâtre de la Commune à Aubervilliers, les tensions entre la nouvelle directrice et l'équipe des salariés se heurte depuis des années à l'attitude de plus en plus autoritaire et méprisante de la nouvelle directrice. Après avoir longtemps tenté le dialogue, ils sont désormais en grève. Où l'on comprend que, quelles que soient ses options politiques, le milieu culturel n'échappe pas à la logique du pouvoir patronal. 3) (1h03'21") Au Monoprix d'Asnières, un débrayage pour le paiement des heures supplémentaires et de meilleures conditions de travail a été vite suivi par une tentative de licenciement. Comme au Monoprix Gambetta d'Issy-les-Moulineaux, mobilisé en mai dernier, la répression antisyndicale reste la première réponse de la direction.
Depuis le mois d'avril, des manifestations massives se poursuivent contre le régime de Daniel Ortega, malgré une répression de plus en plus féroce. Deux membres d'une association de Nicaraguyens résidant en France nous expliquent comment la conjonction de luttes de populations indigènes et écologiques contre le projet de canal transocéanique a déclenché, la répression aidant, ce vaste mouvement des "autoconvocados" impliquant une vaste partie de la population, dont des étudiants.
Dans cet entretien avec Jacques Wajnsztejn, auteur de Mai 68 à Lyon. Retour sur un mouvement d'insubordination, il est notamment question de la spécificité du contexte lyonnais, du lien entre mouvement étudiant et ouvriers en grève, du rôle des "trimards", des répercussions du mouvement sur le climat politique lyonnais des années 1970, et enfin de l'importance de restituer au mouvement de Mai 68 sa valeur d'événement.
5 juillet 2018 Grève et occupation à Enedis et GRDF
Début juillet, la grève bat son plein à Enedis et GRDF, les deux entreprises chargées de gérer la distribution de l'électricité et du gaz aux particuliers. Plusieurs centaines de sites sont touchés et parfois occupés, dont celui de de Noisy-le-Sec, en Seine-Saint-Denis, où "Vive la sociale" est allé à la rencontre des occupants.
Reconstruire l'incinérateur d'Ivry-sur-Seine? C'est ce que prétend faire le Syctom, gérant du traitement des déchets de 84 municipalités franciliennes, engloutissant ainsi 300 millions d'euros d'argent public pour pouvoir maintenir pendant trente ans encore la même méthode polluante de traitement des ordures ménagères résiduelles (OMR).
Plusieurs enseignants précaires de la fac de Nanterre, dont plusieurs membres de 68+, et une étudiante engagée dans le mouvement de ce printemps débattent de la situation sur la fac et dans l'université en général, de la loi ORE, de Parcoursup, et de leurs conséquences sur la vie des étudiants.
Voici une discussion enregistrée au micro sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes le 9 mai 2018, soit à trois semaines de la première vague d'expulsions policières et à quelques jours de la nouvelle vague attendue. C'est un moment difficile, où les tensions ont pris le dessus sur "l'unité dans la diversité" souvent présentée comme l'originalité et la force de la lutte de NDDL. Les zadistes "de l'Est" qui s'expriment ici tentent d'abord une reconstruction subjective de l'histoire de la ZAD, puis expliquent leurs réserves ou leur critique du choix, assumé par la partie la plus organisée du mouvement, d'entrer en pourparlers avec l'Etat.
Cinq cheminots membres du comité de mobilisation du réseau Saint-Lazare à Paris font le point sur l'évolution de la grève, montrant à quel point son traitement médiatique sous-estime la colère et le niveau de mobilisation des cheminots. Ils décrivent également l'organisation et les conditions de travail dans les différents secteurs de la SNCF où ils sont employés, et notamment l'importance de la précarité dans les métiers moins qualifiés, et le rôle qu'elle joue dans la peur de perdre son emploi, bien réelle y compris dans cette entreprise de service public.
Gaël, militant actif de SUD, a été licencié par La Poste juste après le début du mouvement contre la "réforme" de la SNCF. La ministre du travail se justifie en disant y être contrainte par la condamnation pénale dont il fait l'objet suite à une occupation de bureaux réalisée en 2010. En réalité il s'agit d'un licenciement politique, décidé malgré l'avis défavorable de l'inspection du travail. On lui reproche d'être indépendant et combatif, de défendre les intérêts des ses camarades de travail et pas ceux de son employeur. Les conditions de ce licenciement sont elles-mêmes assez cocasses.
Lola Miesseroff est l'auteur d'un ouvrage paru en début d'année : Voyage en outre-gauche. Paroles de francs-tireurs des années 68. Un ouvrage dont l'originalité est de recoudre, à partir de témoignages d'individus anonymes dont elle a été proche, une histoire collective vécue par des protagonistes des événements de Mai 68 ou de l'agitation des années qui ont suivi, mais dans une distance critique vis-à-vis des comportements et des idéologies léninistes ou de l'anarchisme "officiel" qui occupaient alors le devant de la scène militante.
L'agriculture industrielle n'a cessé d'élargir son emprise en France, non pas du fait de la "loi du marché", mais essentiellement par le biais des aides puis des normes imposées par l'Etat français et l'Union européenne, dont la "gestion par les crises" puis la "gestion par les normes" ont eu pour effet constant d'éliminer les plus petits exploitants au profit des plus gros. Ce tableau dressé par Yannick Ogor, auteur du livre Le Paysan impossible, est complété sur le plan international par Silvia Perez-Vitoria, auteur entre autres du Manifeste pour un XXIe siècle paysan.
La profonde réforme de la SNCF que préconise le récent rapport Spinetta accélérerait l'abandon des petites lignes, la marche vers la privatisation et la disparition progressive du statut spécifique des cheminots. Toutes les organisations syndicales se disent prêtes à mobiliser contre sa mise en oeuvre. Un militant de SUD-Rail nous donne une idée de la colère accumulée des cheminots : ce qui se profile ne pourrait qu'accélérer à la fois la dégradation du service public et leurs conditions de travail et de salaire.
A la 42e minute, une intervention au téléphone de Daniel Ibanez met le doigt sur les non-dits du rapport Spinetta sur le plan financier, puis fait le point sur la lutte, trop oubliée côté français, contre le projet TGV Lyon-Turin (lourd de 30 milliards d'euros destinés à des partenariats public-privé), invitant les militants à l'inscrire enfin dans le débat public.
Quel est le sens que donne Charles Reeve au terme de "socialisme sauvage" qui sert de titre à son livre ? Remonter le fil du temps depuis la Révolution française jusqu'à la révolution portugaise de 1974 en passant par la Commune, les soviets russes de 1905, les conseils ouvriers allemands de 1918 et les collectivités espagnoles de 1936 permet à l'auteur de montrer ce qui lie ces événements historiques avec les idées qui ont animé les mouvements des places de ces dernières années, depuis le 15-M en Espagne, les Occupy aux Etats-Unis, jusqu'à Nuit debout en France.